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3 minutes avec Jean-Baptiste Durand

Acteur, réalisateur et parrain de l’association 

Auteur, réalisateur et acteur, Jean-Baptiste Durand s’est illustré récemment en obtenant un
César pour son film « Chien de la casse ». Porteur d’une fente palatine, il a accepté de devenir
parrain de notre association, l’APFFP.


Tout d’abord, qui es-tu, Jean-Baptiste, quel est ton parcours ?
Je suis avant tout réalisateur depuis une dizaine d’années et également acteur depuis peu.
J’ai découvert le cinéma en faisant les Beaux-Arts, je n’étais pas du tout du milieu à l’origine.
Là-bas, je me suis rendu compte qu’on pouvait faire des films si on le voulait, à partir du
moment où l’on avait une caméra et un logiciel de montage. J’ai appris petit à petit, en étant
d’abord technicien, puis en évoluant vers le métier de réalisateur. Cette passion m’est un
peu tombée dessus par hasard !


Quelle est ton histoire avec les fentes ?
Je suis né avec une double fente palatine complète. Quand j’étais petit, on me disait que
c’était un cas assez rare. J’ai été suivi à Lyon par un chirurgien spécialiste et j’ai eu une
douzaine d’opérations, notamment deux greffons de la hanche. La dernière date de mes 24
ans (une rhinoplastie) et j’ai maintenant 38 ans. En parallèle, j’ai été pris en charge par des
étudiants en orthodontie à la fac de Montpellier pour mes dents, mais il y en a un qui m’a
lâché en cours de route et aujourd’hui je me retrouve avec une dent en moins… J’avoue que
je n’ai jamais poursuivi les soins après ce moment de « rupture ». Il faudrait que j’y pense !

 

Comment as-tu vécu ta fente ?
Je crois que j’ai mis tous mes complexes ailleurs, sûrement pour me protéger. Je faisais une
fixette sur ma petite taille, sur le fait que j’avais de l’acné… Donc finalement je ne me suis
jamais focalisé sur ça, alors que ça se voit à 150 bornes que j’en ai une ! Cependant je suis
conscient aussi que j’étais très bien entouré, notamment par mes parents. Ça reste une
histoire assez lourde qui engendre un certain nombre de souffrances physiques.


T’es-tu posé des questions avant de te tourner vers le cinéma, un métier « d’image » ?
À la base, je n’étais pas du tout acteur. Mais quand c’est arrivé, je pense que ma fente a
plutôt été un atout. Au début, c’est vrai que j’incarnais souvent des rôles de méchants. Mais
bon, je le souligne parfois avec humour aux réalisateurs qui me prennent « toi, tu m’as
engagé parce que j’ai un bec de lièvre, avoue ! ». J’aime bien en rire et puis je pense qu’au
cinéma, soit tu as une gueule un peu parfaite, soit tu as une singularité. Finalement le fait de
ne pas avoir la tête de Monsieur Tout Le Monde a été un avantage. Je suis passé d’une « sale
gueule » à « une gueule » tout court. Regardez le parcours de l’acteur Joaquim Phenix, qui
est également porteur : ça fait rêver !


Quel est le message que tu aimerais faire passer ?
Pour moi, la fente a quelque chose d’universel. Toute forme de singularité, d’infirmité a sa
place et on peut bien vivre, être heureux, tomber amoureux, avoir un métier dans l’image…

Il ne faut rien s’interdire. Je suis honoré aujourd’hui de pouvoir être le parrain de l’APFFP et
de montrer tout ça.


À tes yeux, ta fente t’a été bénéfique ?
Dans un certain sens, oui. Je crois qu’elle a été ma force. L’hôpital m’a forgé, le fait qu’il faille
s’intégrer partout où j’allais aussi. Elle a participé à m’amener là où je suis et je suis
persuadé que si j’avais eu une autre tête, j’aurais eu une autre vie. Si je devais renaître, je
garderais ma fente.

Itw Aurore Esclause

Crédit photo : Académie des Césars

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